SANTA MUERTE

Sur le chemin pour se rendre à l’Arena Xalapa, juste après une boulangerie qui vient d’ouvrir dans la rue Clavijero, se trouve une petite boutique religieuse. De la rue je peux voir des chapelets de toutes les couleurs se balancer à l’entrée de la boutique, et même des pagua utilisés en Chine pour protéger les maisons des mauvais esprits, ainsi que des dreamcatchers amérindiens dont l’utilité est la même que celle de nos gargouilles française trônant sur les églises. Rodrigo et moi entrons dans la boutique pour trouver de l’encens pour la maison. Sitôt entré mon regard se pose instantanément sur des figurines grande d’un mètre qui se trouve sur le haut des vitrines. Des sortes de vierges que je n’avais encore jamais vu. Et pour cause, leurs visages et leurs corps ne sont pas du tout ceux auquels on s’attendrait ; Sous la toge classique de la vierge se découvre un corps de mort, un squelette et un crâne remplace le visage de la femme. Puis en regardant le reste de la boutique, il est évident que tout le reste fait aussi référence à ce personnage que l’on appelle Santa Muerte. Je vois notamment des chapelets traditionnels, mais au lieu de la croix chrétienne à son extrémité, se trouve accroché une faucheuse. Plus nous parcouront la boutique, plus l’ambiance change. Au fond de la pièce, le comptoir et le propriétaire de la boutique. On pose alors des questions sur ce culte étrange, et le fait que sa boutique lui soit entièrement dédiée. Mais très rapidement mon regard est absorbé par une scène envoûtante. Sur le côté de la boutique, près du comptoir, se trouve là un autel consacré à la Santa Muerte. Comme les autels des dieux et croyances bouddhiste, il y a une grande statue de la Santa Muerte entouré par des offrandes en tout genre. Je suis complètement absorbée, je ne cesse de regarder tous les détails de cette scène. Sur la statue sont collés des dollars américains, des bougies sont allumées, et des fruits et légumes, gâteaux industriels et maison sont disposés le long de la statue. Je m’arrête sur le visage de mort qui est le centre de ce culte.

La Santa Muerte est une figure sacrée et célébrée au Mexique. A priori il ne me parait pas étonnant : ce culte fait référence à des éléments bien précis dans les croyances des grandes civilisations, ce rapport aux crânes est présent aussi lors de la fête des morts Mexicaine (qui est notre Toussaint), où encore dans les sacrements du bouddhisme Tibétains (qui résulte d’un mélange très complexe entre bouddhisme indien et croyances Tibétaines païennes). Dans les deux cas, les rapports de vie et de morts n’ont pas les mêmes importances que dans les traditions chrétiennes. Dans une tradition où l’on épouse facilement l’emblème de la mort, il est moins étonnant de voir apparaître cette figure de la Santa Muerte.

L’origine de ce culte est matière à débat, un savant mélange entre des croyances Mésoaméricaine et catholiques. Dans la religion Aztèque la mort a été personnifiée sous la forme d’un humain avec la moitié de sa peau manquante pour symboliser la dualité entre vie et mort. Les Aztèques héritèrent de leur prédécesseurs les Dieux Mictlantecuhtli et Mictecacihuatl roi et reine de la mort, de l’obscurité et de Mictlan « le royaume des morts ». Dans les traditions chrétiennes, il existe des peintures représentant des squelettes pour symboliser la mortalité humaine et les illusions associés à la vie sur terre (représenté notamment lors de grandes épidémies).  

Toutes ces croyances mêlées et héritées auraient donné lieu au cours du 20éme siècle à la légende populaire transmis de bouche à oreille de la Santa Muerte. Cette légende devenu culte fut interdit par le Ministère de l’intérieur du Mexique du fait de son adoration « contre nature » et pour certains poussant à la criminalité. Mais il en est tout autre : car même si considéré par beaucoup comme l’adoration du mal, il existe deux sphères dans le culte de la Santa Muerte. Celui du mal, mais aussi celui du bien (ce que nous confirmera le propriétaire du magasin). En effet son évolution a engendré un corps squelettique revêtant la même apparence que la vierge. On dit que la mort peut être représentée sous forme masculine où féminine, au masculin habillé de manière ténébreuse, et au féminin habillé d’une longue tunique blanche de satin, similitude éprouvée dans le rite taoïste chinois du Ying et du Yang. Le bien et le mal dans un seul ensemble.

La Santa Muerte est aussi la sainte patronne du Quartier de Tépito. Au centre des rues y trône un statue géante de cette figure.

Comments

[l'or]

brrrrrrrrrrrr

[fam]

effectivement, c'est très particulier
la Sainte Morte.
mélange de bien et de mal
que de symboles...c'est tellement différent de nous et de notre culture où l'on parle le moins possible de la mort...