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AGANN
14 mai 2011

Inspiration HUICHOL

J’ouvre une série d'articles sur un des sujets qui me passionne le plus au Mexique. L’artisanat Mexicain. Il y a beaucoup de choses qui ne vont plus au Mexique, les mexicains que je connais vous diront tous la même chose, ce pays est en train de se perdre, il se perd dans un abyme de violence, entre ceux qui en ont conscience et ceux qui ne veulent pas ouvrir les yeux sur ce terrible tourbillon. Entraînant dans ces profondeurs les narcos, les politiciens corrompus, les plantations protégées par la police, les armes, les disparitions de 40 000 femmes depuis 3 ans au Nord du Mexique… Mais que se passe-t-il ? Peut on réellement en arriver là ? Certains pensent à légaliser la drogue pour arrêter ce carnage.

huichol_con_arco_finales_siblo_XIXEt puis il y a la lumière, la lumière leur vient de leur culture ancestrale. D’un mélange subtil entre foi mystique et croyances occidentales. Cela donne des merveilles dont il est difficile de saisir l'étendue dans toutes leurs splendeurs. Qui, sans en comprendre les fondements, saurait en décrire les beautés. J’ai donc essayé de m’intégrer dans cette quête. Comprendre les bases. Et c’est un après midi ensoleillé qui m’a tant impactée, je descendais la rue Callejon, cette rue des « hippies » comme aime tant l’appeler Rodrigo. Et je peux comprendre pourquoi : elle est très étroite, et entre deux boutiques de pierres précieuse, commerces bio et tendances, trois fonda et deux cafés, s’installent des petits étalages de vente temporaires, certains installe leurs bagues en argent sur des tables, d’autres leurs créations sur des draps à même le sol. Il y a de tout: mami du coin qui vend ses tongs en cuir faites mains, jeune gothique qui vent ses portes feuilles fait en pneu, paysans du coin qui vendent quelques vêtement traditionnels. Et puis un jour je note la présence d’une nouvelle arrivante. Son stand me tire l’œil instantanément, ce sont des bijoux de perles. Les motifs, je les connais déjà, car tout d’un coup j’y reconnais certaines figures des indiens Nez Percés. Je regarde un peu mieux son travail, je ne peux y croire, plus je le regarde plus je découvre sa finesse, sa profondeur, son incroyable beauté. Je ne me trompe pas, j’en suis sure. C’est le l’art HUICHOL ; La femme a un visage très fermé, mais j’ai pris le temps de détailler tous les trais de son visage toutes les fois où je suis repassée dans la Callejon. Parfois je la vois seule. Parfois je la vois avec son fils ; Elle lui parle une autre langue, une langue qui me semble si ancienne. Une fois il m’est arrivé de la voir en compagnie d’un homme. Et puis je lui parle ; Elle ne sourit que rarement, je ne suis pas sur d’avoir déjà vu son visage éclairé de la sorte. Elle ne comprend pas très bien l’espagnol. Je lui achète ses bijoux, elle les fabrique pendant que je lui parle. Sa création n’a pas de limite, je me souviens avoir vu des pièces uniques et le lendemain, elles n’y étaient plus, je me souviens de leurs dessins si parfaits, de leurs ampleurs, de leurs significations quasi-mystiques… Mais elle ne semble pas refaire les mêmes bijoux deux fois de suite.

Je pars quelques semaines loin de Xalapa. A mon retour, je n’ai qu’une envie, aller dans la Callejon voir ce qu’elle aura fabriqué. Un peu avant Paque je passe avec Rodrigo dans la rue, je la vois, tout de suite je remarque ses nouveaux travaux. J’achète un bracelet. Je la regarde, je lui dis que son travail est vraiment sublime. Elle s’apprêtait à rassembler ses affaires et à partir.

Et puis c’est tout, elle n’est jamais revenue. Je ne la vois plus. Je passe souvent dans la rue, j’ai l’espoir de la revoir. Mais il y a un vide là où elle avait l’habitude de s’installer avec son fils. Son art me manque, sa présence huichol. J’en rêve parfois. Je la vois dans mes souvenirs, je recherche les traits de son visage. J’aurais voulu la revoir encore. Je me sens parfois triste. Je sens que c’est ma tragédie.

 

DSCN3347Plus tard je discute avec Roberto.  Roberto Salazar est un ami de Rodrigo, c’est un peintre et tailleur. Son art se rencontre dans beaucoup de lieu à Xalapa, des places publiques, des cafés, des restaurants. Il sculpte ses tableaux… ; Je me souviens de notre première rencontre. C’était placa Muzeo, il était assis là, sur les marches, et il semblait attendre quelqu’un, puis il nous a vu… Il revenait juste de son voyage en Colombie. Nous avons parlés pendant une demi heure. Il fait partie de ses personnes avec qui le contact est immédiat, facile, sincère. Fort. Mon espagnol ne me gênait pas, car les sujets qu’il abordait transcendaient mon manque de vocabulaire. J’observe son art hybride, mélange avoué d’art africain et précolombien. Son art retranscrit une force considérable transcendantale, un îlot intact dans un monde bancal.

J’ai la chance d’en apprendre un peu plus sur sa vie, il me raconte des choses extraordinaire ; comment il est resté 36 jours dans une grotte, comme il a suivit un moine pendant 4 mois, comment il a parcouru la vie, libre.

Alors je lui parle de ce qui change ma vie, de ce qui m’émeu, de ce qui m’envole. Et je lui parle de ma rencontre avec l’indienne. Il coupe alors ma phrase, et me dis : Une femme avec un petit garçon ? » « oui, tout à fait ». « Ce sont mes amis ! » Je lui dis qu’elle a disparu. Il me répond qu’elle est repartie dans le désert. Puis il me descend du second étage un collier que l’homme a fabriqué pour lui. Je pense encore à cette femme. Elle hante mes pensées.   DSCN3327

En haut: Rodrigo et Roberto devant un de ses tableaux

Ci dessus: Détail d'un des tableaux de Roberto.

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Commentaires
L
Sérieux, si tu revois cette indienne, faut absolument que tu lui parles ...
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  • Blog de photographies. J'ai la nostalgie d'une de ces vielles routes sinueuses et inhabitées qui mènent hors des villes...Une route qui conduise aux confins de la terre...où l'esprit est libre... Henry David Thoreau
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